samedi, mars 19, 2005

Scribe

Yeux tombants.
Nez attiré par la pesanteur.
Joues pendouillantes.
Bribes de corps ramassées,
Puzzle malformé.
Seules les oreilles obéissent à l'Impératif.
Tendues,
Debout
Aiguës
Aiguisées
Prédatrices de sons, vampires se nourrissant d'échos et de murmures.
Elles guettent le Silence.
Rassasié, il vomira La Voix.

Tout se joue dans la fidélité. Fidèle à mon visage,à mon image,
à la position, aux mots.

Je gratte avec une rapidité étonnante.
Concentration d'énergie, volonté, pouvoir et force
sur ce fil qui unit mes oreilles à mes doigts.

Visage inanimé, dos droit, jambes croisées

La Statue la plus humaine
L’Humain le plus statique

Je suis toujours entrain d'écrire
En pensant à mon reflet à mes yeux
Fasciné par mon immobilité

Que la dictée dure plus longtemps
Voir à quel point je peux rester
Oublier mes muscles en fusion.

Angoisse de ne plus se lever
Rester indéfiniment cloîtré,emprisonné dans le Corps
Sur le sol de marbre froid
Relique. Symbole de dévouement.

Il faut que je me retienne,
Je vais sourire
Je perdrais le défi contre le Corps
Je m'imagine pierre
Différents visages passent devant moi
Ils me fixent
Ombre de doute dans les yeux
Ils ont presque envie de me toucher
Ils n'osent pas
Moi
Je les regarde
A travers la coque de pierre.


La Voix s'est arrêtée
Elle a coupé le défilé d'images futuristes et mesquines
Mes doigts s'arrêtent
Malgré eux
J'attends encore
Plus rien

Achèvement de l'entrevue
Reconstitution des membres
Les muscles se dissocient,
se frôlent,se reconnaissent

Le retour dans le monde mobile

Dehors,
Le soleil s'est échappé
Le Nil débordant regagne doucement son lit
La Voix a soufflé sur mes mots et a colonisé mes papiers.

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