mercredi, janvier 17, 2007

La lutte

Elle m'énerve... Ce sourire qui ne la quitte jamais, cette vie qui se dégage de sa présence. Cette présence presqu'agressive, imposante. Sa voix, solide, ferme, sûre, tranchante. Je la regarde, et je la hais; dans chacun de ses gestes et de ses regards, dans chaque pensée qu'elle exprime ou qui passe simplement par son esprit. Ma haine est sans limite, elle recouvre son être, son corps, son âme, son environnement.
Je la hais... à la tuer.

Recroquevillée dans mon coin, je ne pouvais bouger, elle m'avait ligotée et jetée dans les profondeurs pour étouffer ma voix et immobiliser mes gestes. Elle cache mon existence, elle l'avait d'ailleurs oubliée. Et, je l'avais aidée. Je la subissais en silence parce que je pensais qu'elle était meilleure, que c'était celle qui méritait d'exister et que mon destin était de flotter dans cet univers amniotique de l'absence. Je ne me manifestais pas, j'avais peur de la détruire et de me détruire par conséquent. Je la laissais vivre, et je me laissais dormir dans les bois inaccessibles.
Elle me maîtrisait, et maîtrisait tout son environnement, prenait des décisions, faisait des choix. Elle était claire logique impartiale.

Et le séisme fut.

D'abord des petites secousses qui me réveillèrent à peine, je reprenais mon sommeil aussitôt sans me poser de questions, je languissais dans la chaleur de la peur.
Puis vint une vague terrible, des voix stridentes qui m'obligèrent à ouvrir les yeux. Et je pris conscience du noir que j'habitais et qui m'avait pénétrée jusqu'aux os.
Je commençai alors à me débattre, puis à me battre.

Elle... n'avait rien vu venir. Elle continuait paisiblement sa petite vie contrôlée jusqu'aux petits détails, elle dépassait les obstacles et y voyait même des qualités qui la poussaient vers l'avant.
Les changements commencèrent, d'abord imperceptibles, puis de plus en plus présents. J'avais élaboré avec minutie ma stratégie de conquête. L'objectif était de la contrôler, puis de l'anéantir. Peu importe le prix à payer, j'avais même mis mon existence dans la balance.

Elle finit par me voir, me reconnaître. mais il était trop tard. Je m'étais déjà libérée de mes liens et j'avais lavé le noir qui me recouvrait et dont j'étais imprégnée.

La lutte est dure mais le temps de l'absence m'avait donné des forces vierges. Ses forces à elle sont usées et juste assez entretenues pour vaincre la répétitivité du quotidien.

Je m'amuse à la surprendre, à la trahir, à l'ébranler dans ses certitudes les plus ancrées. Je l'éloigne de son monde et je dégoûte celui-ci d'elle. Et je l'attire vers les profondeurs tout doucement.

Bientôt, je l'achève.
Et moi, si j'en sors indemne, je prendrai sa place.

lundi, janvier 15, 2007

Mots

Je fais le tri dans le tiroir de mes mots. Je jette les usés, les décolorés, les répétitifs... Ceux qui ont perdu leur odeur, leur goût... Les rayés, les raturés, les trop noirs, les trop roses, les compliqués, les trop simples.. Les gros mots, les indécents, les inconvenants, les blessants.
Je regarde ce qui me reste pour meubler mes papiers.
Je renverse dans mon tiroir le contenu de la corbeille.

mardi, janvier 02, 2007

Tu t'arrêtes un peu. Ce n'est pas la fatigue qui te gêne même si tu as longuement marché. Tu veux juste regarder ou t'ont mené les vagues du quotidien. Tu recules un peu pour que le champ de vision s'agrandisse mais tu reviens aussitôt à ta place en faisant mine de n'avoir rien vu. Et tu continues ta marche solitaire.

Tu t'arrêtes un peu. Ce n'est pas la fatigue qui te gêne même si tu as longuement marché. Tu veux juste regarder ou t'ont mené les vagues du quotidien. Tu recules un peu pour que le champ de vision s'agrandisse et tu dis: "what a mess!" Et tu ne veux plus continuer.

Tu t'arrêtes un peu. Ce n'est pas la fatigue qui te gêne même si tu as longuement marché. Tu veux juste regarder ou t'ont mené les vagues du quotidien. Tu recules un peu pour que le champ de vision s'agrandisse et tu rebrousses chemin pour choisir une autre direction de départ.

Tu as longuement marché. Avoue que tu es fatigué! Inutile de t'arrêter, tu ne perdras que plus de temps à contempler le gâchis... Tu vas continuer, tu atterriras forcément quelque part.