vendredi, octobre 09, 2009

Logorrhée narcissique


Je les observe d'abord me mentir et me délecte de ma lucidité. Je ravale mon sourire quand je vois cet air sérieux et pseudo-convaincant trahissant un intellect maquillé. Je me perds dans les bégaiements qui ponctuent leurs longs discours inodores. Une série de mots et de bégaiements compulsifs camoufle l'in-action. Ils courent dans leurs flots de paroles, s'essoufflent, s'efforcent, s'asphyxient par peur que la bouffée d'oxygène ne leur coupe le fil de l'inspiration orale, offre le temps de réveiller ma réflexion et mes interrogations quant à leur immobilité dans le train de leur logorrhée perpétuelle.
Des heures et des heures... Mon bouclier faiblit et leurs mots commencent à marteler mon corps et pénétrer mes orifices. Ils me remplissent à rabord, infiltrent mes poumons et mes neurones, grignotent mes pensées, finissent par déborder.


Je suis la fontaine vomissante de leurs mots mégalomanes, l'effigie de leur réussite logorrhéique.

Dans ce carnaval phraséologique, seuls mes yeux sont épargnés. Alors ils s'ouvrent et ils lavent de leurs tristes secrétions haineuses et radioactives mon corps sali d'encre pérorante.
Ils me défendent, calment les hématomes de leurs coups bleus et me murmurent la patience en me promettant un répit sincère.
Quelques minutes blanches de surdité... de vraies promesses actives... de mouvement...
Mes yeux me sauvent et me font reculer. Je suis à nouveau lucide, je décide de ne pas sauter dans le puits du mensonge, de ne pas les rejoindre.
Je redeviens Moi. Je leur demande de se taire. Je ne dis rien, j'agis. Je me lève.

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